Tu trembles, Carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener. C’est ainsi que Henri vicomte de Turenne parla à sa jument avant la dernière bataille qu’il livra et où il mourut emporté par un boulet de canon. On ne sait pas si le cheval survécut.
Je suis tombée encore une fois.
Cette nouvelle chute est intervenue hier, je ne les compte plus je les date pour étudier leur fréquence. Hier matin donc je suis tombée après un bref vertige et un épisode de tremblement des jambes. A peine un bleu/hématome disparaît-il qu’un autre se profile déjà.
Ce qui m’effraie c’est ce nouveau symptôme, ce tremblement orthostatique (quand je me lève) des jambes. Un tremblement qui me traverse et fait lâcher mes genoux, un tremblement en vagues rapides. La plupart du temps le tremblement disparaît le temps de m’agripper à quelqu’un ou à quelque chose de fixe, un mur par exemple. Parfois je m’assieds, parfois je tombe.
Je peux avoir un vertige sans tremblement préalable. Mais pas l’inverse.
On me dit que c’est un effet de la méningite. Je crains que ce soit une métastase de plus qui se localise dans le cerveau et plus seulement en périphérie. De toute façon, selon la littérature médicale, il n’y a pas grand-chose à faire, il n’y a ni traitement curatif, ni prise en charge standardisée. Je vais en parler à mon médecin histoire qu’elle ait une photo précise de ma situation.
J’ai toujours envie de savoir d’où vient la menace, où est l’ennemi. Même si le combat est perdu d’avance. Il faut que j’évite de me faire mal en tombant.
J’ai quelques bleus mais rien de grave.
J’ai un peu peur du tremblement qui peut dans de rares cas devenir permanent.
Le tremblement ne s’annonce pas donc je suis contrainte de prendre quelques précautions. Chaque fois que je me lève j’attends une à deux minutes avant de me mettre en mouvement, passé ce délai le risque d’incident est moindre selon mes observations.
Parfois j’ai du mal à me relever. Comme je suis souvent seule je tente d’éviter les zones dangereuses, Je me cramponne à la rampe d’escalier, refusant de réduire mon espace vital au seul rez-de-chaussée de la maison. Je garde mon téléphone sur moi pour pouvoir appeler de l’aide si besoin, je vais finir par porter le collier du bouton d’alarme qui est sur ma table de nuit et pas autour de mon cou c’est vous dire à quel point ce dernier développement me préoccupe.
Les tremblements je connais chez les autres, mon cher Léon avait la maladie de Parkinson et à la fin de sa vie cela l’empêchait de marcher. Il sucrait les fraises depuis un bout de temps et cela lui était douloureux. Je suis comme lui : le manque de contrôle sur les tremblements est plus grave que le tremblement. Dans la famille mon beau père souffrait lui d’un trouble extra pyramidal pas la maladie de Parkinson mais un truc très semblable vu de l’extérieur. Ça m’embêterait bien si ce tremblement aléatoire et ponctuel trouvait que la permanence dans ma carcasse était plus drôle. Alors telle le vicomte de Turenne je pourrais m’exclamer : Tu trembles, Carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener avant de tirer le rideau pour de bon.
Bonjour Manuela, comment allez vous aujourd’hui?
bonjour Manuela, je suis soignée pour un cancer du sein, et pense à vous très souvent. J’ai 43 ans, des foules d’amis qui pensent à moi, une famille aux petits oignons , plein d’espoir et voudrais pouvoir en donner à celles qui en ont besoin. Je vous envoie plein de pensées et suis avec vous. Le cancer n’est pas rose, ce n’est pas une chaine de cœurs sur Facebook, c’est vrai. Vous avez raison. Mais je vous suis, continuez! Merci
Je vous embrasse et trouve que vous écrivez tellement bien .
Mais comment faites vous Manuela ?
On ne se connaît pas Manuela, mais je vous lis, et je me régale. J’ai eu plus de chance que vous, mon cancer m’a volé un sein mais il m’a généreusement laissé le reste. J’ai décidé de manière unilatérale que vous étiez ma grande sœur! Alors je prends des nouvelles. Je lis vos impertinences avec tant de plaisirs. Elles m’aident à vivre. Elles me poussent à la bienveillance. Elles me rassurent. Elles me disent de rester vigilante à la paresse et de continuer à résister à la superficialité ambiante.
Je vous embrasse bien sûr. Et je suis presque sûre que vous ne ratez rien du spectacle de la neige dans votre jardin.
C’est sûr que réduire son espace vital n’est pas une perspective réjouissante, mais si, disons seulement pour dormir, et pour limiter les risques, tu te résolvais, tout de même, à limiter les marches d’escalier ? Ce ne serait pas plus sûr, tout de même ?
Ca n’enlèvera pas les chutes, mais celles de l’escalier, si ! Ce qui est déjà énorme.
Bon courage, on te suite :)
Je suis peinée pour toi, mais en même temps, je te sens combative.
Bisous doux !
Ne trouvant pas les mots en de debut d annee… je t embrasse tendrement, tout simplement
Heureuse de vous lire mais triste de ce nouveau tracas, on croise les doigts que ce ne soit que passager. Je vous embrasse bien fort.