Cela fait quelques jours que je tourne autour de ce clavier et voilà il venu le temps d’écrire.
Nous sommes à quelques jours du mois d’octobre et ça va dégouliner de rose, encore un fois, du rose bienpensant. Du rose partout dans les magazines, du rose dans tes cosmétiques, du rose dans tes soutifs, du rose parce que certaines croient encore que le cancer a une couleur comme le disait Martine et bingo les seins ont choppé le rose à la distribution des prix et des couleurs du cancer.
Je ne pense pas essayer de comptabiliser ou inventorier les initiatives de ce mois consacré au cancer du sein, ou plutôt à la connaissance du cancer du sein. Je boycott juste. Je reste dans mon coin et je regarde passer au loin les thés roses et autres crèmes pour le visage ou le corps qui vous promettent que votre achat rapportera de l’argent à la recherche.
Ceci étant posé, parlons d’autre chose puisque cette année octobre tombe le mois des jours redoutables du calendrier hébraïque. Franchement les Jours Redoutables c’est raccord avec Octobre Rose ? Si tu n’es pas juif et que tu ne connais pas les jours redoutables je vais t’expliquer.
Si tu veux faire ton intéressant sache qu’en hébreu les jours redoutables se prononcent Yamim Noraïm. Pendant cette période qui précède la célébration de la nouvelle année juive c’est le temps de réparer les torts occasionnés de manière consciente La période, quelle qu’en soit la durée, doit privilégier le repentir, la tsedaqa (dons monétaires, de préférence anonymes, aux pauvres) et la prière (au sens où le judaïsme l’entend, c’est-à-dire plus axée sur l’introspection que sur l’imploration) sont également encouragées car elles annulent selon la tradition tous les mauvais décrets. Les fêtes des yamim noraïm (Roch Hachana, Yom Kippour et Hochana Rabba) sont, pour les ashkénazes, marquées par le blanc car en ces jours, les hommes atteignent ou doivent à tout le moins viser un niveau de pureté angélique : rideau de l’arche, manteau des rouleaux de la Torah, estrade de lecture, napperons des pupitres, officiant et chefs de famille sont revêtus de blanc.
Donc le rose tu vois on l’envoie balader loin mais loin…
Pourquoi je te parle de ça aujourd’hui ? A vrai dire je ne sais plus, j’ai commencé ce billet ce matin et là, il est dix-sept heures passées et je ne me souviens plus de mon intention initiale. C’est ça aussi la méningite et les jours redoutables pour moi sont ces jours où je perds ma mémoire par miettes ou petits morceaux. Je profite de ces jours pour lire ou relire quelques textes d’auteurs, philosophes et traditionnels pour me remettre dans un temps juif. Un temps différent un temps où je réfléchis à la brièveté de mes jours. Un temps où je pense à cette chère Hélène dont les jours défilent trop vite soumis à l’accélérateur des métastases qui ont envahi son cerveau.
Alors avant que vous ne mariniez complètement dans le gloubi boulga d’octobre rose, je vous le dis et me répète, le cancer du sein n’est pas un cancer light, on en meurt. Hélène va mourir et moi aussi. Plus vite trop tôt et c’est tout sauf sympathique cette perspective.
Quand Kippour se terminera nous serons à nouveau inscrits dans le livre de la vie, mais rien ne nous est promis ; à quelle encre sommes-nous inscrits, une encre qui s’effacera avant la fin de la période calendaire annuelle ou une encre magique ? Tout mais s’il vous plait, pas une encre rose.
Ami.e.s lecteurs et lectrices je vous le dis « Puissiez-vous être inscrit dans le livre de bonne vie »
Octobre n’a rien de mielleux , octobre est flamboyant de jaunes ,rouges ,bruns ,un feu d’artifice ! Une explosion d’indépendance , un pied de nez ,un arc en ciel . “DEsPISTES ” SEULEMENT EN FORET plutôt qu’au micro onde …Tendresse et merci de vos mots
Je vous lis avec avidité.
Caroline, qui fucke son cancer du mieux qu’elle peut.
Manuela dear, may you be inscribed in the book of life and sealed, not in pink, but in white, an inseparable part of the page, of the book, and the library, as you have been indelibly in all of our lives. For the moment in the new year, לחיים לאהוב
Your cousin Kenny
Chana tova oumetouka.
Que vous soyez écrite sur le livre de la vie (ainsi que votre amie Hélène).
Je vous envoie de bonnes pensées et toutes mes tfilot de briout et de refoua shelema pour cette année 5777.
Quel plaisir pour la prof de lettres que je suis, de lire vos posts. Puissiez-vous les continuer encore longtemps pour notre bonheur à toutes!
Karima, cancéreuse.
Vous avez tellement apporté aux autr(e)s toutes deux, et continuez à le faire.
Merci de ce partage et de cette générosité.
Beau message de liberte ! J’ai du mal à traduire je vois toujours cette femme cultivée, rebelle, indépendante a qui personne n’impose quoi que ce soit!
Le gloubi boulga rose…C’est ça
“Hélène va mourir et moi aussi”
J’avoue, j’ai du mal avec cette phrase. Je sais bien, pourtant, qu’il faut dire les choses, les nommer, sans les contourner, sans se réfugier derrières des métaphores compliquées. Mais cette phrase, vraiment, j’ai du mal. Je suis loin, je suis juste une rencontre parmi tant d’autres, une terrasse à Quiberon, face à la mer, et les frites qui n’arrivaient pas… ;-) Une jolie rencontre… Je t’envoie plein de pensées, pas roses les pensées, promis. Et j’en envoie autant vers Hélène, la fille qui danse sous la pluie bretonne.
Merci. Du blanc c’est bien .
Une ancre blanche pour s’accrocher. Pour toi, pour Hélène. On s’accroche avec vous