Je sens que ce titre va encore faire croire que je donne dans les animations fêtes d’anniversaire et bar-mitsva mais bon quand c’est drôle on ne va pas se priver de partager, même si ici on parle de cancer.
Tu te souviens (ou pas) que la semaine dernière je suis encore passée sous le scalpel de Kill Bill pour faire les ourlets qui s’effilochaient et boucher les trous. Bien entendu, tout ne se déroule pas toujours selon le plan.
Le plan C4 comme : cancer, chirurgie, cicatrices et chimio (pas comme l’explosif) a un planning serré et selon la loi de Murphy, précédemment évoquée ici, si ça peut merder encore plus, attendez-vous à ce que cela arrive.
Alors voilà, après l’allergie jour 1 il y eut jour 2 & 3. Cortisone, téléphone, cortisone.
Puis vint la petite fuite, une genre de fugue, pas du Bach, non une petite fugue, une petite fuite ( repeat after me : une petite fugue, une petite fuite et t’auras une figue)
Cette lymphe qui coule ça n’est pas très pratique, ça dégouline, mais ça n’est pas la confiture de la chanson des Frères Jacques, et si ça coule c’est qu’il y a un trou comme dirait le plombier et là on va se marrer.
Par le petit trou de la cicatrice à gauche s’échappe aussi de l’air (ne me demande pas Jacqueline comment l’air est entré) et ce qui est dedans doit sortir.. tu bouges le bras et tu entends un pfffff comme le bruit du canard de bain que tu presses hors de l’eau. Au début tu penses Kicekikapété en levant les sourcils, et tu bouges le bras une autre fois et là tu le sens le sourire imbécile qui se dessine sur ton visage.
Arrive le mari et tu lui dis moitié inquiète, toujours un peu vermillon et moitié écroulée de rire : Viens écouter mon ex-sein péteur et tu appuies et ça fait pffff. encore et encore.
Arrive l’infirmière et tu refais ta blague. Elle, pas inquiète se marre, son souci c’est de colmater les fuites, parce que de petite fuite on est passé à “grandes eaux”, on éponge, on compresse, on comprime, on salit les draps, on éponge on compresse on change les pansements et les draps
Faut rester au sec est le mot d’ordre de la cicatrisation ; tu te souviens bien du concept des couches qui retiennent l’humidité pour que bébé soit au sec et ben toi tu n’y es pas au sec. Donc tu psychotes, t’appelles l’interne, tu vas à l’hosto, pas de panique tout va bien est le leitmotiv, de toute façon, l’interne de sénologie n’est pas payé pour les gardes du week-end donc c’est une interne de chirurgie viscérale qui bosse.
Le lundi ça coule toujours. Pas l’ombre d’un plombier à l’horizon. On éponge, on compresse, on comprime, on salit les draps, on éponge on compresse on change les pansements et les draps. L’infirmière de l’hôpital t’appelles et te dis de venir, taxi puis attente, consultation et “pas de panique tout va bien “. Un peu de sulfamides, pas de panique tout va bien, on comprime, on compresse, on attend et tu joues toujours avec ton canard invisible qui fait rire tout le monde.
Toi tu ris moins. Les blagues potaches ça finit par lasser.
La suite est là
Tu réussis la quadrature du rire quand ça ne le devrait pas !