FUCK MY CANCER - Le Blog cancer du sein

Fuck the FEC

 

Se réveiller à 3.30 ça n’est pas la chimio c’est moi, se réveiller sans nausée c’est déjà ça, la cure de FEC 100 ayant des effets secondaires sympas . Se réveiller signifie que j’ai dormi et ça c’est bien. Dormir couchée ; pas assise pour éviter le grand huit de l’estomac, couchée presque à plat avec un oreiller (en Alsace on dit coussin mais j’ai adopté les usages locaux ici).

Regarder la liste des médocs du jour sur ma fiche et voir qu’il reste un aprépitant (ce médoc qui associé à la cortisone et à une saloperie empêche de saloper la bassine), pas de cortisone au programme, ça tombe bien j’ai déjà le teint rouge pivoine depuis hier, que le rayer de la liste signifie la liste à la poubelle.
Se lever et constater que debout ça va aussi, sentir son estomac, se dire : bon on mange. Réfléchir et opter pour pain de seigle, confiture de groseilles. Arroser la tartine de tisane de verveine du jardin préparée hier soir qui attend dans la bouteille thermos. ( prévoir disait Semprun1)

Attendre un peu. Prendre la saleté de gélule. Attendre un peu. Prendre l’antibio pour les cicatrices. Constater que la saladier de compote de pommes maison préparé avant la chimio est décédé. Attendre une demi-heure que le mariage tartine, médoc tisane produise ou non un symptôme. Rien. Bien.

Peler les poires et les pommes, ajouter deux étoiles de badiane (tu verras la badiane c’est bon), un peu de vanille, le jus d’une orange et mettre à compoter. Pendant ce temps mettre à infuser le premier litre de thé vert et racines de gingembre. qui sera suivi d’un second en fin de matinée, vu qu’hier ça m’a permis un d’aller marcher mes 30 minutes, deux de passer une partie de l’après -midi assise sur ma terrasse (écran total sur le visage et les mains) à papoter avec une amie, de faire une sieste et trois de dîner avec mon jules, à peu près normalement. Léger le dîner mais quand même je m’en sortais bien. Il est 5.17 du matin,  je t’écris pour te dire qu’à cet instant précis JE VAIS BIEN.

Comme les temps actuels sont sujets à modification rapide, j’apprécie non plus chaque jour mais chaque tranche. Comme pour le foie gras. 

Ah j’oubliais Carlo Fuck Yourself!

 1 Nul ne peut prévoir ni se prémunir contre une possible révolte de son corps sous la torture,
exigeant benoîtement -bestialement- de votre âme, de votre volonté, de votre idéal du Moi,
une capitulation sans conditions ; honteuse, mais humaine, trop humaine.
Ce qui est inhumain, alors, surhumain en tout cas, c’est d’imposer à son corps une résistance sans fin à l’infinie souffrance.
D’imposer à son corps, qui n’aspire qu’à la vie, même dévalorisée, misérable, même traversée de souvenirs humiliants,
la perspective lisse et glaciale de la mort.

Exercices de survie de Jorge Semprun