Cher ami,

Je pourrais te dire que tout va bien, que je suis au top , que la vie est belle avec Carlo et la chimio, ça te rassurerait, ça t’éviterait de t’inquiéter. Mais voilà, ça n’est pas le cas, depuis quelques jours j’ai fréquenté le fond de la douleur, tu me connais, je suis dure au mal. Après la chirurgie, je n’ai pas geins, pas pris plus que du paracétamol. J’étais fière de moi. Après les cures de FEC j’ai fait l’andouille. J’ai taillé des costards à la Ministre, laissé la parole à d’autres ici . La thrombose ? J’ai pesté mais serré les dents et réglé mes comptes.

Mais là où je suis, 130 jours après chirurgie, 130 jours de soins divers ininterrompus je dis stop. On met sur pause et les deux cures de Taxotere restantes j’ai dit au Dr Vrac, ne comptez pas sur ma participation. Je ne joue plus. Je suis épuisée et la session huit jours de douleurs intenses a eu raison de ma combativité. Même si le camion de l’Hérault a joué la diversion au début, la montée en puissance des douleurs, je dois l’avouer m’a vaincue. Voilà le constat. Je me moque de ceux qui vont se gausser, tout comme je me suis toujours moquée de l’opinion des autres me concernant. Il n’y a pas de prix à la fin, pas de concours Mère Courage à remporter. Pas de Miss  cancer 2013 à élire. Je dis Fuck et ça me suffit.

J’ai prévu un Yalta début janvier et on va causer, Vrac et moi. Je vais me remettre en forme pour aborder la suite, les séances de radiothérapie et les 5 ans d’hormonothérapie.

Je ne joue plus cette partie par ce que le jeu n’est pas équitable,

Voilà, je voulais, cher ami, te dire où j’en étais. Ce matin j’ai réussi à m’extraire de mon lit et à m’asseoir un moment devant mon clavier.

Je ne te fais pas l’inventaire sordide des événements de la semaine passée.

Les limites du corps.

Les limites de la prise en charge.

Mes limites.