Meurtre Rose est ouvrage de pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, des événements ayant eu lieu, n’est que pure coïncidence. Le lecteur pourra s’en rendre compte. Précédemment comme on dit à la télé il y a eu deux épisodes . N’oubliez pas de lire les commentaires qui constituent des suites alternatives de lectrices et de lecteurs et proposez vos suites à chacun des épisodes de Meurtre Rose. Je modère ces commentaires afin d’éviter tout débordement.
Martini
Le téléphone ne cessait de sonner dans le bureau de la responsable de la communication du Centre, les journalistes faisaient le siège du standard, sa ligne était publique mais elle avait détourné les appels vers Vincent et ses collègues. Ils n’arrivaient plus à répondre aux patients, aux familles. Le directeur avait décrété qu’il n’y aurait pas de point presse, le meurtre avait eu lieu dans la rue dans l’espace public, il ne souhaitait pas s’exprimer sur l’identité de la victime.
Trois heures plus tard, trois engueulades de préfets plus tard, Keller se rendait au Palais de Justice il était presque huit heure et elle n’était pas loin de l’explosion. L’ancien préfet de Région était aussi le Président du conseil d’administration du Centre Léon Berard, du coup il avait appelé son collègue de la région Rhône-Alpes qui avait appelé le Préfet de police, les trois avaient décroché leurs téléphones respectifs en salve pour lui demander ce qu’elle foutait et où en était l’enquête et quand le Dr Blücher avait demandé si elle était en garde à vue et que Martinez lui avait dit non, elle avait appelé son mari et dans le quart d’heure un nouvel appel du Préfet de Région. Keller avait dû lâcher la radiologue qui était juste secouée par le meurtre et son mari était passé la prendre, non sans gueuler à son tour et en menaçant tout le monde de poursuites. Martinez avait eu le temps d’explorer le téléphone de la toubib de manière quasi légale puisqu’elle lui avait confié volontairement et il avait trouvé des messages un peu bizarre. Keller allait donc demander au juge d’instruction la paperasse adéquate pour obtenir de manière légale les communications de la victime et de Blücher pour commencer. Le juge qui avait été nommé était un nouveau, Keller n’en avait jamais entendu parler, il avait fait savoir qu’il l’attendait jusqu’à vingt et une heure sinon il faudrait le prévenir selon les besoins de l’enquête.
Du côté de la BRI rien , le Cayenne noir avait disparu des écrans après son passage sur le périphérique, quelque part entre Décines et Meyzieu, en pleine zone d’entrepôts de logistique. Le survol en hélicoptère n’avait rien donné. Les mecs analysaient les images et aucun portrait-robot n’était attendu. Perruques et casquettes allaient rendre difficile l’identification des quatre meurtrières. Keller pour se rassurer, appela la BRI et demanda qu’on envoie une équipe vers la Rize pour explorer les berges et une autre plus importante ratisser le parc de Miribel Jonage et aussi un bateau et des plongeurs des fois que le Cayenne soit passé à l’eau de ce côté du Rhône. Le chef de la BRI l’informa que personne ne l’avait attendue et que les recherches étaient en cours. et pan encore une baffe pour finir la journée.
Elle se gara sur le trottoir juste devant le planton de l’entrée de police , elle avait encore tapé le pneu en montant sur le trottoir, un de ces jours faudrait passer la voiture à Martinez pour qu’il s’occupe des pneus, Keller en usait plus que la moyenne. Elle baissa le pare soleil pour que POLICE soit bien visible. Elle entra dans le tribunal.
Dans le cabinet du juge d’instruction le greffier était parti et Madame Martini était seule face à ses dossiers, élégante et encore jeune, Keller lui donnait trente-trois ans à la louche. Brune elle avait les mâchoires serrées quand elle lui tendit la main.
– Felicia Martini
– Keller
– Je voulais qu’on fasse connaissance, inspecteur Keller, cette enquête ne me plait pas, on me l’a passée parce que ces meurtres roses ces messieurs pensent que c’est bon pour les femmes, que ça ne vaut rien et qu’ils n’ont qu’à nous laisser faire. J’aimerai donc que nous soyons exemplaires et si nous pouvions résoudre les trois précédents cela leur fermerait..
Elle laissa sa phrase en suspens et rougit un peu.
– Nous avons auditionné une femme
– Ah oui Madame Blücher, j’en ai entendu parler, vous avez reçu également quelques appels, je crois
– Oui , quelques uns, d’ailleurs il me faudrait ce soir si possible une commission rogatoire pour les téléphones et les lignes de la victime et du Dr Blücher.
Elle enchaîna en lisant ses notes :
– Pascale Geneviève Agathe Blücher née Kleinbrust le 23-5-1963 à Saint Avold. Médecin radiologue. Épouse d’Edwin Blücher président directeur général de la société Mamobitch. Visiblement le cancer du sein et les rayons X c’est une affaire de goût familial ! Dit être la nièce du député Steiner et désire vivement ma mutation pour St Pierre et Miquelon. Dit aussi qu’aujourd’hui est un grand jour depuis que la cancéreuse bloggeuse a passé l’arme à gauche et regrette vivement ne pas avoir participé à ce qu’elle dit être un « sacrifice rituel ». Je vous rappelle que nous l’avons trouvée répétant en boucle c‘est bien fait, elle commençait à nous gonfler sérieusement la cancéreuse avec son bouquin et son blog à la con.
Elle n’ a pas participé au meurtre mais je ne comprends pas pourquoi elle m’a menti pour sa présence à la cafétéria et elle me semble trop heureuse pour ne pas être liée à cette bande en rose. J’ai sorti le gobelet de la poubelle et envoyé Rachid au labo pour faire analyser son café et relever les traces ADN. Elle est complètement déjantée, carrément à l’Ouest.
Le téléphone de la juge sonna ainsi que celui de Keller. Elles décrochèrent , la Porsche 4X4 avait été retrouvée dans le lac des Eaux Bleues et les plongeurs cherchaient les armes.Ils attendaient le matériel pour remonter le véhicule et attendaient Keller et la juge pour ouvrir la voiture. Keller dit de faire venir l’équipe scientifique sur place et de chercher des traces d’un second véhicule. La bande des quatre n’était pas partie à pied, elle rappela et dit à son interlocuteur de chercher des traces de chaussures de course à pied, quatre paires. On ne sait jamais se dit-elle.
En raccrochant Keller dit à la juge
:- Je vous emmène?
– Oui attendez-moi en bas deux minutes, je remplis le formulaire pour les communications et je l’envoie à vos services.
– Je suis garée sur le trottoir
– A tout de suite donc.
La suite est là
Bon je vous laisse la suite de Martine même si je ne suis pas d’accord avec tout , débrouillez-vous avec elle
Félicia et Keller descendirent à pied les trois étages au risque de tordre les belles chevilles de Félicia. Elle avait quand même des talons de 20cms. Comment allait elle faire s’il fallait courir ou arrêter quelqu’un. C’est joli Félicia, peut-être un peu cucul, mais joli. Rachid avait préféré lui laisser sa place au prétexte d’histoires de filles mais Keller savait bien que cette affaire mettait Rachid mal à l’aise.
Sous le chemisier en soie de Félicia apparaissaient en un très beau filigrane les dentelles d’un soutien-gorge ajouré. Son mari avait sans doute les moyens. Ou son amant.
-Félicia, vous pouvez rentrer chez vous à présent. J’emmène la juge avec moi puis je rentre à la maison.
-J’aimerais bien venir avec vous madame Keller, cette affaire m’intéresse et j’habite de ce côté-là, vous pourriez me déposer en rentrant?
-Soit, si vous y tenez!
Félicia s’installa derrière dans la voiture et après une fouille réglée trois minutes chrono de son sac besace réussit à extraire le dernier I-phone qu’elle compulsa attentivement. Elle disparut dans son écran.
La juge arriva une paire de bottes en caoutchouc à la main.
Keller se demandait comment faire. Comment faire pour dire à la juge qu’elle pensait connaître les coupables ou à peu près.
La rose sur son sein démangeait singulièrement et cette histoire de meurtre rituel la titillait.
Finalement elle ne lui dit rien ou très peu.
Elle dit qu’elle faisait partie d’une association de lutte contre le cancer, qu’elle allait à des réunions de femmes militantes et engagées, qu’elle avait glâné ici et là des conversations rageuses et outrées contre ces femmes qui critiquaient leur engagement.
Elle dit tout ça mais n’en venait pas vraiment au fait.
La juge écoutait en silence tout en regardant défiler le paysage.
Félicia surgit soudain de derrière son I-phone pour raconter qu’elle connaissait les pink boobs dont le signe de ralliement est une rose tatouée sur le sein droit.
C’était mieux qu’ un article de wikipédia. Elle savait tout ou presque. L’historique de l’association, la composition du conseil d’administration, jusqu’aux sponsors et gentils donateurs…Elle savait tout.
-mademoiselle Martini, que savez-vous de ces meurtres rituels? Pensez-vous que d’autres vont suivre? Vous allez convoquer toutes ces dames du conseil d’administration. Et comment se fait il que vous n’ayez jamais parlé de cette association avant?
– En fait madame la juge, cette association existe aux États-Unis et je me demandais si ce qui se passe ici n’est pas la reproduction des Pink Boobs étatsuniens. Keller expira.
Ouf, la petite Martini n’était pas aussi bien renseignée qu’elle semblait le dire.
Keller s’écria.
-Ça y est, nous y sommes. Je vois les gyrophares là bas et le Cayenne.
Pourquoi fallait il toujours au moins quarante policiers en tenue, quinze voitures, vingt policiers en civil sans compter les journalistes et les badauds.
Une brume fraîche flottait en nappes sur les eaux sombres du lac. Les gyrophares éclairaient d’un bleu irréel la ouate mouvante. La juge chaussa ses bottes et s’approcha de la voiture boueuse fendant la foule silencieuse.
Une ambulance stationnait un peu plus loin, au cas où.
-Allons-y. Keller, veuillez faire ouvrir le coffre.
Avec un gros pied de biche un policier avec un brassard fluo fit craquer le hayon.
La lueur bleutée du gyrophare s’engouffra un instant dans le coffre, puis disparut.
La foule cessa de respirer, sembla reculer d’un pas, puis d’un seul mouvement inclina son buste vers la voiture.
Le coffre était vide.
En tous les cas, sans cadavres.
Un petit sac de voyage gisait tout seul dans un coin. Le policier sortit le sac. Il y avait trente cinq mille petits rubans roses dans le sac et tout au fond deux Smith&Wesson pink ribbon ainsi qu’un marteau au manche rose et une paire de menottes roses. Les policiers se regardèrent et furent pris d’un fou rire terrible.