Ce post n’a pas vraiment de rapport avec mon cancer, mais ne sachant où le poser il est là.
Hier un médecin blogueur a fait part de son ras-le-bol des patients pénibles dans un post intitulé une matinée de merdre . (non je n’ai pas fait de faute il a écrit merdre) en le lisant j’ai pensé à ma journée d’hier, justement chez un généraliste qui n’était pas le mien avec mon vieux papa.
Il s’agissait d’un nouveau généraliste, le sien venant de prendre sa retraite. Son ancien généraliste n’était ni bon ni mauvais et mon père est un vieux monsieur avec des pathologies de vieux.
Tu vois les vieux c’est chiant, ça part en vrille, les organes déconnent et le cerveau aussi. Les vieux des fois n’écoutent pas tes conseils d’ailleurs ils ne t’en demandent pas. Les vieux aiment aller consulter des spécialistes, ils s’ennuient, ça les occupe ce tourisme médical. Si le spécialiste est bon il va réussir à vendre une intervention chirurgicale, des prothèses de genoux de hanche ou encore mieux un traitement lourd et astreignant et qui accélérera la fin de la vie du vieux.
Mon père vit dans ce cimetière des éléphants qu’est la Côte d’Azur, peuplé de vieux, de médecins et de toute sorte de gens qui n’ont pas grand chose à foutre, sauf ma copine B ( que j’embrasse) qui est avocate et défend des vieux ou des médecins ou la troisième catégorie de population. Je sais, je caricature
Bref revenons aux médecins. Au mois de décembre mon vieux papa s’est dit tiens si je retournais voir la néphrologue? Comme ses reins sont quasi morts ça n’était pas idiot. La dame avec qui j’avait déjà eu des mots lui a prescrit de passer en dialyse.
Mon vieux papa oublie des trucs, souvent, beaucoup ces temps-ci , donc le consentement éclairé si tu veux il n’en a pas été question. J’ai appris tout cela en allant le voir pour Noël parce que le soir quand nous nous parlons il a parfois oublié ce qu’il a fait dans la journée et que la dame qui s’occupe de lui a une nette tendance à jouer de son pouvoir. Les infirmières qui ont mon numéro ne m’ont pas non plus appelée.
Je vois sur une table la dialyse pour les nuls ou un dépliant à peu près identique. Je pose les questions et il me dit qu’il ne sait pas pourquoi il a ça.J’appelle donc la dame de compagnie qui m’apprend ce que j’évoque plus haut. Heureusement rien n’a commencé. Patiemment j’explique trois fois à mon vieux papa que cela n’est pas une bonne idée. Je prends conseil auprès de généralistes de mon entourage qui me confirment que ça n’est pas du tout une bonne idée.
J’appelle le nouveau généraliste et lui explique, il ne fait pas grève en ce 26 décembre, nous convenons que je viendrais le voir mi janvier avec mon père. Il trouve que c’est mieux d’abandonner l’idée de la dialyse. Je lui demande pourquoi il ne l’a pas dit plus tôt, petit flottement. Je lui dis aussi que la prescription d’IRM qu’il a faite on va aussi éviter, on s’en fout un peu de savoir combien de tumeurs et de kystes il a parce que de toute façon on ne va pas s’en occuper. On va lui foutre la paix, le laisser manger trop salé, siroter son whisky le soir et dormir dans la journée parce que les vieux c’est fatigué.
Donc hier nous y allons, mon père et moi. Il est gentil ce généraliste, il ne souvenait pas de la visite de mon père un mois plus tôt et encore moins de mon appel.
Il consulte le dossier dans son ordinateur, hoche de la tête quand j’explique les symptômes. Mon père a toujours son manteau. Le généraliste ne l’examine pas. A quoi bon, les vieux c’est comme les nourrissons il faut des plombes pour les déshabiller et les rhabiller et pendant ce temps la salle d’attente se remplit d’autres vieux.
Il lit les résultats des analyses de sang, que j’ai fait faire avant la consultation, ah oui il les avait dans le dossier. Bien sur c’est la cata, on s’en doutait sinon la néphrologue n’aurait pas songé à la dialyse.Mais à presque 89 ans c’est un peu normal que ce soit la cata quand les reins ne fonctionnent que les jours impairs et encore à temps partiel s’il n’y a pas de soleil ou de pluie ..
Le généraliste a refait l’ordonnance de la néphrologue ajouté un peu de vitamine D parce que les vieux..
Il ne prend pas la carte bleue. On a fouillé nos poches. Nous sommes allés chercher les médicaments à la pharmacie.
Les infirmières les donnent, sinon mon père en prend top ou pas assez et puis je l’ai emmené au restaurant. On a blagué, quand je suis repartie à l’aéroport il a été se coucher.
Hier soir je l’ai appelé en atterrissant, ce matin il appelé pour une question. Ce soir on se parlera , tout ira bien.
« Attendeeeeez votre chimio trrrrès longtemps, parce qu’elle est incompatible avec la radiothérapie.
Et la radiothérapie, c’est pas pour tout de suite non plus. »
« Ah ben y aura maintenance de la machine. Ca reportera votre dernière séance au lendemain. »
-mais ce jour-là je démarre la chimio…
« Eh ben ça sera encore mieux pour votre traitement. »
Et pendant ce temps-là, la sécu paye, et les patients fatigués, terrorisés, culpabilisés se taisent.
Comme dit une amie : « Tant que tu es en bonne santé, tu crois qu’on est bien soigné quand on tombe malade. »
Journée de merde pour une malade cancéreuse:radiothérapie ,duree 6 minutes
Attente pour la consultation hebdomadaire avec le radiothérapeute :2heures!!duree de la consultation 6 minutes. Plus une heure de trajet en voiture. Et je ne te parle pas des manipulateurs qui ne te parlent pas plus que si tu étais un morceau de rosbif
Je vais te dire un truc que je ne t’avais jamais dit:avant d’être malade ,j’étais………médecin généraliste !!! Cocasse non?
je regarde un film sur l’Holocauste et j’ai pensé a toi et a ton boulot de mémoire
Je t’embrasse. Prends soin de toi je suis contente de. Constater que tu n’as rien perdu de ta belle énergie.
Bon matin,
Je ne suis pas ennuyé.
Je voulais simplement dire que les difficultés des patients avec leurs médecins, les médecins en sont conscients et y font attention.
Je suis au contraire ravi de lire de tels billets car ils soulignent combien les incompréhensions entre médecins (pardon, maintenant on dit « soignants ») et patients sont nombreuses et nous contraignent à la prudence relationnelle. Chaque consultation est une situation différente, par ailleurs.
Enfin, je n’ai vu aucune animosité dans votre dernier paragraphe. Sachez que je suis installé depuis septembre 1979, 35 ans et des brouettes, que les patients âgés sont nombreux et que j’essaie d’appliquer quelques idées en participant aux soins palliatifs à domicile des patients que je suivais jusqu’à présent et que nombre d emes billets de blogs traitent, si j’ose dire, de la liberté des patients à ne pas se aire traiter pour des maladies dont ils ne guériront pas.
Continuez donc, c’est un plaisir.
Bonne journée.
Cher docdu16,
Entre les deux situations un juste milieu.
– Bonjour Monsieur ( suivi de son nom), j’ai vu vos dernières analyses ( et je m’en souviens, même si je ne viens que de les regarder juste avant de vous recevoir) . Votre fille m’a dit que vous refusiez la dialyse, c’est bien de ne pas vous embêter avec ça.
– Et mes reins?
– Pas pire que la dernière fois, on va vous laisser le même traitement mais je vais vous examiner si vous le voulez bien.
Pendant que le vieux Monsieur se déshabille
– Vous savez bien Monsieur ( avec son nom) que ça fait X années qu’ils vont mal vos reins ( je l’ai noté dans votre dossier et je l’ai lu puisque vous m’avez apporté le mois dernier les comptes rendus)
– Oui je m’en souviens , je n’ai pas Alzheimer, je suis juste vieux et j’oublie des trucs
– Et votre arthrose les douleurs ça va?
…
Voilà rien de plus rien de moins, ah j’oubliais
– En partant prenez rendez-vous pour le mois prochain avec ma secrétaire, on se verra après la prise de sang que je vous prescris on va surveiller ce qu’il se passe et dites aux infirmières de m’appeler.
Voilà pas la lune non plus.
Bonne journée j’espère que vos patients seront tous jeunes et en bonne santé et de bonne humeur, nous sommes vendredi vous avez eu une longue semaine peuplée de patients pénibles et qui sait une cancéreuse casse couille qui réfléchit deux minutes vous a peut-être ennuyé avec ses réflexions sur le médecin de son vieux papa et sur les néphrologues de la côte d’azur
Je me suis doublement reconnu.
D’abord en raison de la citation : merci.
Ensuite dans le médecin que vous avez rencontré.
Pourquoi ?
Parce que les patients qui vont voir direct le spécialiste, ça rase.
Ensuite, lutter toute la journée contre les décisions à la khon, ça fatigue. Le patient va voir un spé qui préconise la dialyse, comment peut-il savoir, le MG, surtout ne connaissant pas bien le patient, comment le malade a apprécié la situation ? Peut-être que cette dialyse, c’était son espoir, sa voie de sortie, sa façon d’aller mieux…
Alors, imaginez le dialogue entre le MG et le vieux Monsieur.
» Bonjour Monsieur que je ne connais pas bien, vous êtes allé voir le néphrologue comme ça ?
– Oui, je voulais savoir comment fonctionnait mes reins.
– Mais vos reins, c’est de la merdre mon brave Monsieur qui perdez un peu la tête. Y a plus rien à faire. La dialyse on se la met quelque part…
– Pardon… Mon ancien médecin…
– Mais c’était un khonnard votre ancien médecin, c’était le copain du néphrologue, ils mangeaient ensemble tous les midis et ils refaisaient le monde…
– Donc vous me conseillez de refuser la dialyse. Faut que j’en parle à ma fille.
– Vous savez ce que je vais lui dire à votre fille ? Hein ? Ben oui, less reins vont lâcher et comme votre père est vieux, peut-être un Alzheimer, vous savez la maladie dont on ne guérit qu’au Magazine de la Santé, rien ne sert de se traiter, suffit d’attendre devant Derrick que la mort arrive.
– Vous êtes direct, vous.
– Faut dire la vérité aux malades »
Donc, pour résumer, le remplaçant, il a hésité et il a tâté le terrain, il ne connaissait sans doute pas le néphrologue, il ne voulait pas désespérer Billancourt, il s’est écrasé devant l’expert et, une autre fois il sera meilleur.
Bonne journée.