D’ordinaire je ne parle pas de violences ici, mais parfois tu sors de ta bulle, tu regardes autour de toi et ce que tu vois ne te plait pas.
Aujourd’hui c’est la Journée internationale de l’élimination de la violence faite aux femmes. Ne baille pas s’il te plait, ne ris pas non plus , il n’y a rien de drôle.
J’ai été contactée par les dé-chaînées , une association de femmes, de jeunes femmes, de jeunes femmes féministes, de jeunes femmes féministes qui mènent des combats nécessaires, de jeunes femmes féministes qui mènent des combats nécessaires.en 2014.
Parce que ma génération de femmes et la précédente n’ont pas réussi à faire évoluer assez les mentalités et la société, nous avons besoin d’elles.
Parce que nos filles, vos sœurs, vous et moi sommes encore victimes du harcèlement de rue, de violences et de viol
Tu ne me crois pas ? Je n’ai pas besoin de remonter loin dans ma mémoire pour te raconter mon expérience, c’était l’an dernier au printemps, il étaient chaud, les mecs aussi. J’avais encore des seins, des gros seins.
Oh rien de méchant, juste des dégénérés, des mecs ni jeune ni vieux, des mecs.
Les remarques les plus polies que j’ai eues à entendre ce printemps-là: Hey Madame tu es bonne, hey je peux toucher, les regards droits sur mes nichons. Hey Madame tu suces?
Dans les transports en commun surpeuplés, les mains se font baladeuses ou pire encore, les frotteurs se collent à toi dans ton dos ou face à toi, les frotteurs c’était nouveau, je connaissais les exhibitionnistes depuis l’école primaire mais les frotteurs c’était un stade au-dessus.
Oui même à cinquante-trois ans il y a des dégénérés pour être attirés par les seins volumineux d’une femme pré ménopausée. Je ne suis pas du genre timide, j’ai quelques heures de vol et l’expérience des années, donc les remarques j’y répondais, et les détenteurs de mains baladeuses se sont souvent heurtés à mes genoux rencontrant leurs parties génitales, j’arrivais aussi à sourire en frappant. L’assurance de l’âge sans doute et une longue pratique du coup de genou enseigné par mes frères.
Plus jeune, bien plus jeune, je me suis faite agressée par un autre dégénéré, enceinte de huit mois, je marchais dans une forêt en périphérie de ma ville de naissance. Je marchais chaque jour. Chaque jour mon berger allemand courait autour de moi, j’étais son troupeau, elle était ma gardienne. Chaque jour nous croisions les policiers de la brigade canine et leurs chiens déchaînés, leurs chiens en liberté. Chaque jour ils me saluaient moi et mon gros ventre et ma chienne. Leurs chiens aimaient beaucoup ma chienne. Des messieurs bien polis qui couraient dans les bois.
Un jour je me suis faite attraper par un homme que je n’ai pas entendu arriver dans les bois, en ce bel été 1980 j’avais vingt ans cette année là. Le type est arrivé par derrière, et m’a agrippée d’une main, j’ai dû crier, j’ai cru sentir un couteau, il me touchait les seins de son autre main, nullement gêné par mon ventre énorme sa main se dirigeait vers mon sexe. C’est à ce moment là que ma chienne est arrivée, en aboyant, et en montrant les crocs. elle aboyait fort, très fort en arrêt face à nous sur ses pattes antérieures.
J’ai entendu les chiens de la brigade canine, les chiens libres, les chiens déchaînés, les chiens de police.Ils répondaient à ma chienne qui gueulait toujours. Ils ont attaqué le type par derrière qui m’a lâchée, je n’ai pas couru, j’avais un ventre énorme , je me suis juste poussée sur le côté. Les maîtres chiens sont arrivés et ont terminé le boulot de leurs chiens. Je m’étais assise au sol, ma chienne me léchait le visage. Les policiers ont emmené le type, l’un deux a marché avec moi jusqu’à ma voiture. Un mot de réconfort , au revoir Madame, on va s’occuper du type. Fin de l’épisode. Pour la grossesse suivante je marchais accompagnée.
Donc aujourd’hui les dé-chaînées lancent une grande enquête sur l’accueil des victimes de viol, cette enquête est pour les femmes majeures au moment des faits et qui ont déposé plaintes ces cinq dernières années
Tu trouveras sur le site qu’elles ont crée toutes les informations et le questionnaire, fais le circuler c’est important. Il n’y a rien à gagner.
C’est pour nos filles, vos sœurs, vous et moi celles qui sommes encore victimes du harcèlement de rue, de violences et de viol.
Les violences faites aux femmes, on en parle ponctuellement, mais peu de choses concrètes semblent se dégager de tout cela… J’ai moi aussi un chien, plutôt imposant, doux comme un agneau, mais cerbère quand c’est nécessaire… Avec lui, je peux aller partout en étant certaine de ne pas être importunée, mais j’ai de la chance…