C’était un peu trop beau pour continuer le douzième jour, aujourd’hui j’ai craqué et je n’ai pas mis les lunettes à filtre et j’ai vu passer ça. Du ROSE, rien de tel pour me chauffer
Postez vos projets, recevez des encouragements, motivez les autres malades… tout ça sur le site « Cancer et envies » http://t.co/lgZMpMYFPm
— ROSE Magazine (@ROSEMAGAZINE1) July 11, 2014
Ça m’a un peu énervée surtout quand j’ai suivi le lien et que j’ai vu tout ce rose et ce joli business qu’on lance juste à temps pour ce p.. de mois d’octobre..ah non nous sommes en juillet, mais la météo m’a trompée.
J’ai lu le peu de texte et les mentions légales :
Voilà donc un site qui se prépare pour les malades qui ont des envies et un cancer et qui veulent en parler, va falloir que j’en parle à Lee Bido Et après ? Après visiblement la réalisation n’est pas leur problème puisqu’il est écrit « Soyez les premiers à partager votre projet, qu’il soit réalisé ou non… » Si j’ai mal compris ça va devenir un Kickstarter de cancéreux ou une Facebook de cancéreux je n’ai pas encore bien compris le concept.
Le nom du site me rappelle le film de Philippe Lioret sorti en 2011, tu te souviens de » Toutes nos envies » sauf que cela n’a aucun rapport puisque le film aborde le thème du surendettement, encore qu’avec le cancer du cerveau de la juge ça peut être raccord. Si tu veux lire une critique méchante drôle du film je te conseille la critique de Bakchich là
J’ai regardé qui était Laurence Dardenne la directrice de la publication et néanmoins community manager de Rose Magazine, son CV est là , elle bosse pour la boite de Bordeaux qui crée le site, société spécialisée dans la communication médicale. Sur Twitter où Laurence Dardenne a un petit 63 followers elle dit être Digital Project Manager.. Je sifflote et souris. Non en vrai je me suis bien marrée. 63 followers quand tu bosses dans le digital c’est juste une blague.
Le site est sponsorisé par un labo de plus, MSD France, plus connu dans le monde sous le nom de Merck. De là à penser qu’il y a un objectif secondaire .. je franchirais bien le pas. Attendons de voir ce que ces Mad Men là nous concoctent de beau dans les semaines à venir. Les tatas flingueuses se pourlèchent les babines.
Voilà j’ai craqué, j’ai vu du rose et du coup j’ai oublié mes #100happydays Si j’étais aux AA, je devrais tout reprendre au premier jour, mais ici c’est plus simple. Pour me calmer j’ai fait de la confiture de myrtilles parce que les baies c’est bon pour nous les cancéreuses.
Tout bien considéré, l’ »objectif secondaire » est assez clair : vendre un après-cancer aussi rose que possible. Avec en toile de fond le message: courez donc vous faire dépister, c’est un cancer qui se soigne siiiiiii bien aujourd’hui et voyez comme on s’éclate après.
Il n’existe pour l’instant qu’une seule page, annonçant le site à venir, et pourtant elle est déjà révélatrice : une splendide mosaïque de photos sur fond rose fushia. Des photos de monuments célèbres tout autour du monde. Des photos de femmes très jeunes aux longs cheveux, hilares pour la plupart. Des photos de scènes romantiques : un jeune homme tient tendrement sa compagne par l’épaule devant la tour Eiffel, un couple court main dans la main sur une plage tropicale au soleil couchant, un autre s’enlace dans un hamac, un autre se prend en photo, un autre encore s’apprête à partir surfer. Des photos qu’on croirait sorties tout droit d’un catalogue d’agence de voyage. La société de com a-t-elle bien compris de quel « voyage » il s’agissait ?
Prétendre remonter le moral des cancéreuses est une chose. Faire miroiter ce qui restera inaccessible pour certaines en est une autre, autrement plus cruelle. D’autre part, cette tendance « Voyez comme on s’éclate même avec un cancer du sein » participe à une banalisation de la maladie qui pourrait faire oublier qu’il s’agirait avant tout de tenter de faire sans, ambition totalement oubliée au niveau de nos politiques.
D’autre part, lorsque Rose Magazine – qui remercie les labos pharma dans ses pages – s’associe au labo Merck pour se pencher sur les envies des cancéreuses, j’aurais plutôt tendance, tout comme Ma, à chercher l’ « objectif secondaire » derrière tout cela.