Mad Men ou quand la communication des big pharma cible les cancéreuses qui causent trop cancer du sein

Episode 1

Tout a commencé il y a fort longtemps quand je regardais mon oncle préparer les publicités hebdomadaires des produits en promotion, c’était environ la période où se situe la saison 6 de Mad Men à l’échelle de ma timeline, J’entrais à 23 ans dans une société de relations presse financières pour y faire un stage. Je vais t’éviter cet épisode et ce que j’en ai fait professionnellement mais sache juste que pendant de nombreuses années j’ai été une fille de la com, parfois LA fille de la com dans des secteurs économiques très variés parfois mêmes non commerciaux, souvent non marchands.Pendant cette carrière là j’ai rencontré des jerks (crétins +abrutis), des gens biens (moins que les précédents), des machos, des idiotes, des salopes,des femmes brillantes, bref un échantillon concentré d’humanité. Puis j’ai changé de secteur et d’activité. Des fois il faut arrêter de se faire du mal.

Avant mon cancer du sein, la recherche en histoire ayant subi les aléas de la crise économique, j’avais repris du service dans le secteur de la communication mais cette fois dans la version numérique et média sociaux. Puis j’ai lancé ce blog pour m’occuper et me suis assez vite retrouvée à l’ouvrir (ma gueule) sur des sujets variés liés à la maladie.

Quand, au début du mois de mai, j’ai reçu un mail de plus d’une GROSSE agence de communication qui se présente comme iconoclaste, qui m’invitait à une présentation d’une étude intitulée  « Cancer du sein, quel vécu pour les patientes et les infirmier(e)s en hôpital de jour ? » je me suis dis,  pourquoi pas, ça me changera de mes neuropathies et errances neurologiques du moment.

Comme mes finances sont au plus bas et que l’événement était à Paris et que j’habite au milieu des vaches à Bouseuville, j’ai demandé la prise en charge de mes frais de transports. Là, la communication s’est brouillée, et le petit gars de Boulogne qui déjà m’avait affublée d’un prénom qui n’était pas le mien a merdouillé. Bref je n’y suis pas allée, mais hier au réveil de mes deux heures de sieste (oui le cancer tu sais ça fatigue) j’ai reçu l’étude en question et le communiqué de presse de Roche.

Alors passons aux choses sérieuses, l’hôpital de jour tu te souviens peut-être, je l’ai fréquenté avec sérieux 4 fois, quatre cures et stop à cause du Taxotère et des neuropathies. Si tu ne souviens pas ça commence  et ça continue jusqu’en décembre 

L’étude fournie hier a été financée par Roche et menée par Kantar Health et c’est, tu l’auras deviné, Havas qui communique.

« Au total, 105 établissements ont participé à l’étude Temporelles, soit un total de 3812 patientes et 630 infirmier(e)s répartis sur tout le territoire français » 23 établissements ont refusé de participer à cette étude.

3812 patientes atteintes d’un cancer du sein ont été retenues? Déjà c’est un échantillon biaisé en terme de statistiques, puisque seules les patientes étant en HDJ ont été interrogées, aucune de celles qui y sont passées.

Tu vois le tableau ? T’es en salle d’attente entre ta consultation onco et l’arrivée de tes perfusions, « on » te remet une questionnaire de quatre pages et une enveloppe et tu peux/dois le remplir.

Déjà pourquoi toi et pas ta voisine qui est jaune avec bide rempli d’ascite? Parce que l’infirmière qui te remets le questionnaire l’a décidé, sur quels critères? L’étude ne le dit pas, ce que nous apprenons c’est que 50 questionnaires /centre ont été distribués et que 32 en moyenne ont été retenus.

J’ai commencé à étudier les documents transmis et la question qui me taraude est mais pourquoi? Roche lancerait-il une offensive de marketing pour vendre des produits en White Bag (sapristi, Kantar a justement sorti une étude sur ce sujet) et ainsi le patient arrive avec sa chimio sous le bras, achetée à la pharmacie (donc pas de négociations de prix avec la pharmacie centrale, ni d’appel d’offre), le centre anti-cancer sort le coût de son budget pharmacie, et pour que tout le monde soit d’accord on dit que ça fait gagner du temps aux malades qui râlent sur l’attente et pour envelopper le tout on dit aux infirmières qu’elles auront plus de temps à passer avec les patientes à papoter. Bien entendu ça coûtera plus cher aux caisses d’assurance et ça fera plus de marge pour les laboratoires.

Bien sûr je vois le mal partout.

Je continue à lire et je vous fais l’épisode 2 demain. Le trois est là 

 

madmen

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  1 comment for “Mad Men ou quand la communication des big pharma cible les cancéreuses qui causent trop cancer du sein

  1. martine bronner
    22/05/2014 at 8:04

    J’ai hâte de lire l’épisode 2…Et j’imagine déjà les soucis des patients auprès des pharmacies (qui se régalent aussi au passage) avec les produits substituables et le schmilblick des génériques.

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