Michelle
Trois femmes de la famille, tu sais celle que l’on appelle, par alliance. Avec chacune d’entre elles, les liens de tendresse, d’amitié ont transformé l’alliance au ciment de la tendresse.
La première, mère de Monsieur Zhom, grand-mère de mes enfants. Sa maladie bien cachée, mal soignée parce que le grand-père a fait un AVC et que tout le monde s’est focalisé sur lui.
Elle, femme de devoir, pudique à l’extrême, a attendu que le crabe de l’utérus prenne la place d’un enfant pour consulter. Ses 4 enfants, confrontés à la maladie grave ont tous fuis a leur manière.
À cette époque la petite dernière venait de naitre et nous avons pris les trois lardons pour passer ce temps essentiels avec elle. Je l’ai fait sortir de ce mouroir de Fontainebleau qui l’a laissée toute une nuit par terre parce que ” l’été on n’est pas assez la nuit…”
Nous avons passé notre dimanche en toilette, massages, câlins au bébé. Ces yeux si tristes et ce murmure : la voir grandir … et puis, ce n’est pas vous qui devriez être la…et moi si gauche, ne sachant pas dire : je t’aime tout simplement. Elle a été tellement pour moi, qui n’avait plus de mère à chérir. Je me souviens de ses clés tendues vers moi le soir de la mort de ma mère. les clés de son cœur.
et je garde au cœur cette culpabilité de n’avoir pas su rester ce soir-là. J’ai pris la route pour Lyon, a mon arrivée, elle était partie..En réclamant ses enfants.
La seconde, cousine de Mr. Zhom, complice de mes folies, doublant mes fous rires, se souciant toujours des autres. Et cet hôpital marseillais qui l’a jetée sur la route le tout dernier jour pour ne pas enregistrer un décès chez eux..
Elle a vaincu le crabe et a fait de sa vie une lutte pour l’essentiel, et vivait comme si rien jamais ne devait plus lui arriver. Traitrise de cette maladie qui s’arrange pour revenir, nous avons cheminées a deux entre les rendez-vous onco, radiothérapie, chimio. On se disait : allons voir si Marseille est toujours là, on ira voir la mer après. Ses enfants ne croyaient pas qu’ il fallait se presser, ils pensaient…en fait ils avaient peur de venir je crois. Nos mains croisées, ce bouquin que je lisais pour qu’ elle se repose, ce dernier appel. Elle était mon amie, elle habite en moi je crois. On l’appelait l’abeille car le petit Joseph avait cru que c’était Mireille l’abeille qui l’appelait au téléphone. mon abeille.
La troisième, nièce de Mr.Zhom que j’ai bercée toute petite quand ses parents sortaient, qui voulait que je sois sa marraine parce que j’étais une “presque maman”, qui a juste quatre ans de plus que ma fille. Deux fois ce crabe a attaqué, deux fois elle a vaincu. Aujourd’hui elle profite, elle savoure, elle fait de beaux voyages et parfois, au détour d’une photo sur Facebook elle m’envoie un clin d’œil, un appel, comme un besoin de s’assurer que je suis toujours une “presque maman”.
Trois femmes de ma famille et moi qui chaque fois ne sait pas si les mots, la présence, l’attention ont été un soutient. Toujours ce sentiment de ne pas avoir fait assez. Toujours.
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