Cancer et vous : Françoise est ardéchoise mais pas que

Quand tu dis cancer il y a ceux qui entendent Frau Blücher et il y a les autres, celles et ceux qui se souviennent d’un ou une amie, d’un père, d’un mère, d’un proche. Malades survivants ou morts d’un cancer.
Voici les mots que les lecteurs m’ont adressé, anonymes ou non à la suite de mon appel à texte : WRITE ON !
Je publierais au fur et à mesure les réponses toujours dans la catégorie  Cancer et vous, vous aussi envoyez vos contributions

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Françoise

Le cancer c’était Mamie morte d’un cancer du côlon à 77 ans en 1976 tandis que mon père mourrait brusquement du cœur.
Puis c’était Tatie atteinte à son tour, ah ces Ardéchoises et leur côlon mais le cancérologue avait été rassurant ça n’allait pas la tuer, le cœur le ferait avant.
Ce fut le cas. Puis ma belle-mère, atteinte d’un cancer du sein. Elle s’en sortit pour tomber dans la mort de son mari. Six mois après, Agnès, mon amour passe une mammographie et notre génial radiologue détecte un tout petit quelque chose. Un carcinome. Tu pleures, Agnès, car plus jamais ce ne sera comme avant, plus jamais tu ne vivras sans cancer. Direction Curie, où une lumière surbookée réfute le diagnostic. Simple opération en ambulatoire pour retirer un kyste. Puis après réflexion le résultat tombe un carcinome et deux mois de radiothérapie. Pauvre amour, joli cadeau d’anniversaire pour tes cinquante ans. Et moi pauvre de moi qui ne suis plus rien ni pour toi ni pour moi.
Le harcèlement et l’homophobie violente dans mon boulot, oui ça existe et même dans des villes de gauche, m’ont fait basculer dans une dépression sans fond. Tu as toujours peur de me retrouver morte quand tu rentres.
Toi qui me tiens à bout de bras depuis plusieurs mois, tu vas me tenir à l’écart de ton cancer en m’envoyant passer l’été dans le sud. Tu prends ton bus tous les jours sauf le dimanche pour recevoir ta dose d’irradiation pendant que je te fais faux bond. J’aime ta fabuleuse série de dessins au Dakin pour réduire au silence ta douleur et ce salaud. Des frémissements à chaque contrôle mais ta vie reprend.
Pour moi ce n’est toujours pas le cas et pourquoi irais-je m’inquiéter de ce saignement à chaque fois que j’urine puisque je suis déjà morte. Tiens un regard sur le web et je sais que si c’est en fin de miction c’est signe de cancer de la vessie. On attend tous les deux que je veuille me battre sinon ce n’est pas drôle. Saignements plus présents, faibles douleurs et grosse fatigue. Visite à mon généraliste, et radio écho… »Madame vous avez un polype me dit le radiologue, mais monsieur un polype de la vessie ça n’existe pas ! J’ai fait Google moi !
« Françoise c’est grave me dit mon généraliste qui me connait depuis 35 ans et sait que j’aime la vérité. « Madame vous avez des tumeurs au foie me dit le petit docteur qui me fait passer un IRM et comme c’est sur un terrain cancéreux » ajoute-t-il.
« Agnès il va falloir redonner Doudou à l’éleveuse tu ne pourras pas rester avec un jeune boxer si je ne suis plus là ».
Pauvre amour, le cancer ne t’as pas tuée mais moi je le fais.

J’aime la vérité mais pas la connerie !
« Pas de tumeurs au foie mais des angiomes » me rétorque mon généraliste, que je l’aime!

« Puisque vos ganglions ne sont pas infectés, pas de passage possible vers le foie ».
« Madame vous avez un polype » me dit l’urologue, prudent face à une bipolaire, « On vous l’enlève et on voit »
Grosse rigolade avec Martine qui m’accompagne, mon grigri, elle a déjà vaincu deux cancers, on m’imagine avec une vessie artificielle, j’ai lu que l’on utilisait des matériaux mis au point par la NASA.
Le soir je regarde les photos de ce truc qui va, qui peut me tuer. Il est petit le bougre pour une grosse bête. Tiens je revis, le cancer a foutu un bon coup à ma dépression.
Opération, j’ai demandé à voir et gentiment une infirmière me propose de jeter un coup d’oeil mais je suis dans les vapes, le magazine de la santé ce sera pour demain.
Résultats, un carcinome non infiltré mais de haut grade c’est écrit. Un polype pour l’urologue mais qui peut récidiver.
C’est le cas, trois ans plus tard. Huit jours pour avoir le résultat de l’IRM, ça plombe l’ambiance de la fête familiale à laquelle Agnès se rend, sa mère, sa sœur et elle-même sont mortes d’angoisse, moi je me mets en mode hypo.
Opération au cœur du mois d’août, l’anesthésiste m’accuse d’avoir des vertèbres tassées et me plante en beauté. Mais un mois plus tard c’est un kyste, oui un vrai dû à une cystite. Nouvel épisode: des globules blancs sans infection dans l’analyse d’urine, mais pas d’explication et pas de récidive même qu’à l’hôpital ils ne veulent pas me revoir avant un an.

C’est pas tout ça il faut que je pense à refaire une coloscopie car le côlon pour les Ardéchoises….


 

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