Bereshit- au commencement 1 ils se sont pointés lorsque j’avais à peine 10 ans , très vite, trop vite ils ont prix de la place , trop de place je n’arrivais plus à les ranger et pour une fois mon gêne du bordélisme n’y était pour rien. Je les ai mis dans la boite A puis la B puis la C et finalement à D ils se sont sentis chez eux. Des boites avec armatures et bretelles larges, parce que ces deux crétins pesaient lourds sur mes épaules.
Mes frères se moquaient de cette avancée disproportionnée. Je continuais l’équitation et le tennis avec de nouvelles sensations, ça tanguait un peu, ça faisait mal.
Un jour un hongre de mauvaise humeur mordit à pleine dent dans l’un des deux, il se prit mon poing dans le naseau. Je n’aime pas trop qu’on vienne toucher croquer à ma table sans être invité. Ma cousine avait déjà eu ce genre de déboires. Les hongres ont-ils comme curieuse manie de mordre les gros seins comme les marins celle de faire des phrases 2 ?
Les regards des hommes se faisaient plus insistants, j’avais treize ans je mis du gras autour pour masquer. Autant l’avouer ça ne fonctionna pas, ma mère me mit au régime et développa une fixette sur mon poids, rythmé par les consultation de charlatans, nutritionnistes diplômés et régimes de tout poil. Je m’en foutais et mangeais en douce.
Le temps passa, je me mariais, eut un enfant et les deux nigauds passèrent à la boite F puis G avec la montée de lait. Les sages -femmes et autres puéricultrices me convainquirent de nourrir cette petite fille avec mon BON LAIT.
Là ce fut le point de rupture; les deux salopards produisaient à échelle industrielle, la petite ne pouvait pas tout consommer et je nourrissais donc la moitié des prématurés du département pendant un mois plein. J’étais devenue une vache, je tirais, pompais et n’en pouvais plus. 30 jours plus tard je décrétais l’embargo sur le lait. Rien ni personne ne me firent changer d’avis. J’avais vingt ans et d’autres ambitions que celle de devenir un sous-traitant de chez Danone.
On rendit les accessoires à la laiterie et je rangeai les deux compères dans une boite E.
Vinrent les enfants suivants, privés du BON LAIT , je perdis aussi le gras accumulé et Robert et Robert ou Caïn et Abel, attirés par la pesanteur se rapprochèrent de la chute finale.
Je les rangeais, les ignorais, puis l’âge passant les mis en valeur bien harnachés à mes épaules douloureuses. Après quarante et plus années de services assez déloyaux j’ai signé leur mise à la retraite grâce à l’intervention de Carlo et mardi KILL BILL est venu les chercher pour la casse.
Je ne leur ai pas dit Adieu, ni même Lekh Lekha 3, silencieuse j’ai pensé au repos de mon dos de mes épaules et au vide de mes robes décolletées.
Me voilà telle la Tony Montana du thorax, balafrée en attente d’une nouvelle carrière, j’ai comme une idée mais je ne vous en dis pas plus.
1 Titre du livre 1 de la Bible alias la Genèse
2 Merci à Michel Audiard, qu’on ne remercie jamais assez
3 Hébreux. pour « Va ! », « Pars ! » ou « Va pour toi ! » – les deux premiers mots de la paracha qui est la troisième section hebdomadaire du cycle annuel juif de lecture de la Torah. Il se compose de Genèse 12:1–17:27
4 Dear Daniel Mendelsohn I am sorry to have borrowed your title but I hope you’ll get over it , anyways you used Bible chapters in your essay so you know what it’s like to have inspiration issues. Regards Ma
